Aussi loin qu'on se souvienne, on a toujours aimé voyager.
Notre voyage de noces, c’est sous tente, sur les routes du Portugal qu’on l’a passé. Avant cela, Ludovic avait déjà vécu plusieurs mois au Canada et au Pérou, il avait déjà vu les Etats-Unis et une bonne partie de l’Europe. Edna a vécu 23 ans en Colombie. Donc, le grand voyage, pour elle, c’est quand elle a décidé de venir en Belgique… et ça fait 20 ans que dure le voyage… Santiago est parti pour la Colombie quand il avait 6 semaines. Mateo, Manuel et Catalina ont déjà traversé l’Atlantique. La Bretagne, l’Italie, l’Espagne, les Alpes, la France, la Suède, les Pays-Bas… on aime les grands espaces.
Quand est venue cette idée de voyager pendant plus d’un an ? On ne sait pas vraiment, en fait. On a l’impression qu’elle a toujours été là.
Mais il y a certainement un élément qui a déclenché cette envie de partir. Un soir, en rentrant du boulot, Edna ou Ludovic (on ne sait plus vraiment lequel des deux) a dit “On va partir pendant un an en Amérique !”. L’autre (on ne sait plus vraiment, non plus, lequel des deux) n’a pas posé de question et a simplement dit “D’accord”. Voilà, c’était fait. Dans notre tête, on le savait, on allait partir.
Ensuite, on en a parlé aux enfants. Au début, l’enthousiasme était mitigé. Peut-être parce qu’une telle nouvelle, c’est un monde qui s’écroule : on se rend compte qu’on va rater la fête de l’école, le camp scout, les cours de danse, les matches de hockey ou l’anniversaire d’un copain… Il a donc fallu du temps. Le temps d’y penser, le temps d’en rêver, le temps de le digérer… Et à un moment, on se rend compte que ce n’est pas un monde qui s’écroule, mais un monde qui se construit.
Alors on s’est réuni. Souvent. Chaque fois que notre agenda de famille nombreuse nous le permettait, on se mettait autour de la table, et on regardait ce que pouvait nous apporter ce nouveau monde. On parcourait le continent, en construisant l’itinéraire. On expliquait et on montrait. Chacun donnait son avis. Chacun disait ce qu’il préférait. Chacun mettait une note et on construisait une carte pleine de couleurs, avec ce qu’on ne voulait pas rater, ce qu’on verrait peut-être et ce qui ne nous intéressait pas. A chaque fois, pour chaque décision, tout le monde était là.
Alors, le voyage s’est construit et nous a réuni. De plus en plus, il faisait partie de nos conversations. De plus en plus, les enfants en parlaient à l’école et à leurs amis. De plus en plus, dans leur tête, ils le savaient, ils allaient partir...