Puyuhuapi est l'étape que l'on retiendra probablement le plus de notre passage sur la Carretera australe. Le soir venu, nous nous arrêtons au bord du Fiordo Puyuhuapy, un superbe fjord. La vue depuis la fenêtre du Concorde est inoubliable : montagne et mer.
Quelques minutes plus tard, un motorhome français se range à proximité. Nous faisons la connaissance de Jeanne, Émilien, Thierry et Aline. On partage un apéro et le repas du soir. Les rencontres de francophones sont rares dans cette région et nous profitons de ce chouette moment pour partager nos expériences. Rencontrer une autre famille est toujours un moment particulier dans un voyage comme le nôtre. Cela permet de recharger les batteries et de s'évader un peu du quotidien. Non pas que le quotidien soit monotone, au contraire, mais vivre en famille 24h sur 24 crée forcément des tensions qui s'accentuent parfois avec la fatigue ou l'exploration de l'inconnu. Faire des rencontres ou des visites, c'est tisser de nouveaux liens et relâcher la pression du quotidien et de la promiscuité.
Le lendemain, des dauphins viennent nous saluer dans le fjord. Avec les 'Picar' (du nom de leur camping-car), on décide de visiter ensemble le Parc naturel Queulat. Un coup dans l'eau puisqu'il est déjà tard et nous n'arriverions pas à faire la promenade qui nous amène au glacier. Il faudra revenir demain.
On tente alors une autre idée, quelques kilomètres plus loin : des thermes en bordure de fjord ! Là aussi, il est déjà tard et le prix nous semble trop élevé pour quelques dizaines de minutes de détente. On s'est aussi renseigné pour visiter un élevage de saumon, mais ce n'est pas possible.
Nous arrivons en fin d'après-midi à Puyuhuapi, un petit village blotti au fond d'un fjord. Thierry et Ludovic se mettent à la recherche d'un endroit pour passer la nuit. Ils explorent le village, visitent un camping qui n'a pas grand chose à offrir, rencontrent un policier qui les met en garde : pas possible de dormir le long de la côte, au risque de déplaire aux riverains qui louent aussi quelques emplacements de camping. Ils trouvent finalement un emplacement le long de la rivière, sur conseils de la police locale.
De leur côté, Edna et Aline s'occupent des courses pour le repas du soir. Elles ont dégoté un saumon entier, pêché par un habitant du village. Elles ont aussi récolté d'autres infos à l'office du tourisme. On peut bivouaquer sur le littoral, à l'emplacement exact que nous a déconseillé le policier. Après une (brève) discussion sur le fait de devoir plutôt écouter la police ou les femmes, nous décidons finalement de nous installer sur le littoral pour passer la nuit.
L'apéro est consacré à la cuisson du magnifique saumon. On tente une papillote, des herbes, des épices et de l'huile... On met à griller sur le barbecue. On spécule sur la cuisson : il est bientôt cuit ?! Non, ce n'est pas encore assez ! On le remet quelques minutes.
Pendant ce temps, les enfants profitent de l'immense terrain de jeu pour jouer à cache-cache. Des enfants du village viennent à notre rencontre, intrigués. On discute de leur vie, de l'école, des copains, etc. C'est toujours un moment privilégié. D'autre voyageurs français (GuyNomads) passent la nuit dans le camping du village. Un couple franco chilien, les PatiPerros, s'installe un peu plus loin. L'apéro est agréable.
On ouvre la papillote. On la referme. On retourne le saumon qui est d'une belle taille. On le tâte, on le palpe. Et à un moment, on est tous d'accord : il est prêt ! C'est Thierry qui est désigné pour la découpe du saumon : il est breton, marin, et on se dit que son expérience dans le domaine médical doit lui avoir donné quelques notions de précision chirurgicale...
La soirée est déjà avancée et le soleil commence à se cacher derrière les montagnes. Le temps de terminer la découpe du saumon et de ranger le matériel, on se répartit dans les véhicules : les enfants dans le Concorde et les parents dans le Picar. Le saumon est presque froid. Mais qu'importe, il est excellent. Probablement le meilleur saumon que nous ayons partagé. Un souvenir inoubliable. Les conversations se prolongent après le repas : jeux de société du côté des jeunes, verre de vin et bout de fromage du côté des vieux. Quelle belle soirée !
Le lendemain matin, nous nous levons plus tôt (traduisez : pas trop tard !), histoire de profiter de la journée. Direction le Parc National Queulat, en convoi...