Nous sommes le mercredi 9 octobre 2019. Il est 16h01, heure d'Argentine. 21h01, heure de Belgique. Le moment est émouvant pour tous les 6. Nous venons de passer les portes de la ville d'Ushuaia, la ville la plus australe du Monde.
C'est l'un des principaux objectifs de notre voyage. Le nom 'Ushawa' en a été largement inspiré. Cette fois, on y est ! Après 13.000 kilomètres d'avion et 16.000 kilomètres sur les routes, nous atteignons cette ville mythique.
Dans l'esprit de Ludovic resurgit la musique du générique de l'émission de Nicolas Hulot, qui a bercé sa jeunesse et qui lui a fait découvrir le monde, tous les vendredis soirs, dans la petite lucarne. Ushuaia, il y a 30 ans, personne ne la connaissait. Pour beaucoup, c'était l'endroit le plus inaccessible au monde. Alors, d'être là, devant ces deux tours qui marquent l'entrée de la ville, c'est une émotion incroyable !
Mais pour les plus jeunes aussi, l'arrivée à Ushuaia, c'est l'aboutissement d'un rêve. Ce matin, en se levant, Manuel a commencé à chanter : "Debout les gars, réveillez-vous. Il va falloir en mettre un coup. Debout les gars, réveillez-vous. On va au bout du monde...". On doit presque se pincer d'y être arrivés. C'est un moment qu'on attendait depuis si longtemps : les 3 mois de voyage, bien sûr,mais aussi les années de préparation en famille.
Dans les kilomètres qui ont précédé notre arrivée, on sentait une anxiété : "Papa, on y est bientôt ? Combien de kilomètres ? " Et cette fois-ci, on y est ! On gare le Concorde sur le bas-côté et on descend pour profiter du moment. On se félicite, et on ne peut résister à une petit séance photo pour immortaliser le moment.
La ville d'Ushuaia est avant tout une ville portuaire et industrielle. Rien de bien sexy. Pourtant, une atmosphère particulière s'en dégage. Il y a l'incroyable baie et la ville qui l'entoure, accrochée aux montagnes enneigées. C'est un panorama unique. Et puis il y a l'effet 'bout du monde'. Le fait de savoir qu'au delà du port, au-delà de l'horizon qui se découvre devant soi, il n'y a plus rien. Plus de ville, plus de village, plus de civilisation. On est arrivé au bout de l'humanité...
Enfin si, il y a quand même quelques chose : le Cap Horn et, plus loin encore, l'Antarctique, qui est à 1.000 kilomètres d'ici. Mais cela aussi, c'est quelque chose de particulier. De savoir que tous les explorateurs qui ont parcouru le continent blanc, à la recherche du pôle ou pour des raisons scientifiques, sont partis d'Ushuaia. De savoir de quelle manière tous les marins du monde ont redouté, et redoutent toujours, cet incroyable Cap Horn.
Nous sommes sur une terre de mythes... et cela se ressent ! C'est inexplicable...
Nous profitons de la fin de journée ensoleillée pour monter sur les hauteurs et admirer la baie et les montagnes qui l'entourent. Il est ensuite temps de trouver un endroit pour passer la nuit. La soirée est calme, et nous trouvons un chouette endroit : de l'autre côté de la baie, avec une vue impressionnante sur la ville et les montagnes. On ne se lasse pas du paysage qui s’étale devant nous, ni du soleil qui disparaît derrière la cordillère pour dévoiler une ville illuminée qui se prépare pour la nuit.
Mais alors qu'une nuit calme semble nous attendre, un vent incroyable se lève et fait bouger le Concorde qui tangue tel un bateau sur une mer agitée. Les vents qui se forment au-dessus de l'Antarctique arrivent à Ushuaia avec une soudaineté et une violence terrible ! Toutes les heures, le climat change et nous fait passer du soleil à la tempête de neige en quelques dizaines de minutes. C'est une sensation incroyable, de sentir les éléments de la nature qui se déchaînent avec une telle rapidité et une telle violence. On se sent petits et humbles face à de tels éléments. Et on sent qu'il faut y être attentif à chaque instant.
Nous décidons donc de déplacer le Concorde et de trouver un endroit un peu plus abrité, qui nous permette de nous positionner face au vent et d'éviter le roulis incessant. Nous trouvons notre bonheur un peu plus loin, toujours face à la baie d'Ushuaia.
Lorsque la lumière du deuxième jour apparaît, il n'y a pas de soleil, pas de nuage, pas de ciel. La douceur de la veille a fait place à une tempête de neige. Un vrai blizzard.
Santiago en profite pour réaliser des vidéos incroyables des nuages qui vont et viennent dans le ciel austral. Nous restons toute la journée au chaud, à l'intérieur du Concorde, à contempler la vue sur Ushuaia qui ne cesse de changer au gré des intempéries. Ce sont des moments dont on ne se lasse pas.