Mendoza n'est qu'une étape technique sur notre parcours. La ville est agréable à vivre, avec ses grands boulevards et ses innombrables parcs qui parsèment la ville. L'histoire raconte qu'un tremblement de terre a complètement détruit la ville. En reconstruisant Mendoza, des grandes places ont été imaginées pour permettre d'y trouver refuge en cas de nouvelles secousses. Ingénieux et agréable, c'est ce qui donne du charme à la ville. Nous sommes à quelques kilomètres de la capitale chilienne, et en ce week-end de fête nationale chilienne, beaucoup de Chiliens ont traversé la frontière pour profiter de la joie de vivre argentine et de leur pouvoir d'achat plus élevé !
Mendoza, c'est aussi la ville où, après deux mois de voyage, nous recroisons les 'Dodos à l'ouest', la famille que nous avions rencontrée à Montevideo lors du débarquement du Concorde du Grande Francia. Nous célébrons l'événement avec un resto d'anniversaire (deux mois, cela se fête !) et deux jours bien agréables passés ensemble.
Mais Mendoza restera, pour toujours, une des plus belles rencontres que nous avons fait en Argentine. La pause technique qui s'imposait à nous, c'est l'entretien du Concorde qui, lui aussi, fête ses 10.000 kilomètres sur le continent américain. Il a bien mérité une vidange, un remplacement de ses filtres et quelques petites bricoles à mettre en ordre...
C'est Nicolas, des 'Suiveurs d'Etoiles', qui nous a conseillé de venir à GM Mecanica. Un ami, aussi possesseur d'un Iveco, y est passé il y a quelques mois et est très content du travail réalisé.
Nous prenons donc contact avec Gustavo. Nous passons par le garage pour confirmer tout cela et Gustavo nous dit : " Il est déjà tard, faisons tout cela demain matin et après, on fait un "asado" (un barbecue).... on se dit que ce serait sympa, mais on y croit pas encore trop...
Le lendemain, à la première heure, nous sommes devant le garage et Gustavo nous accueille chaleureusement. Pendant que toute la famille continue de se réveiller, Ludovic explique les réparations à effectuer, s'inquiète des pièces utilisées et pose des dizaines de questions aux mécanos de l'équipe pour s'assurer que tout se passe bien. Catalina, elle, est restée avec les 'Dodos', où elle est accueillie comme une princesse, profitant des 3 garçons qui, eux, sont bien contents d'accueillir une fille pour la journée !
Pendant que les mécanos font leur oeuvre sur le Concorde, Ludovic sirote un mate dans l'atelier en compagnie de Gustavo. Ils discutent de l'Argentine, des vacances de Gustavo et refont le monde... Pendant ce temps, Agustin, le fils de Gustavo, s’attelle à une tache de la plus haute importance : la préparation de l'asado ! Il s'inquiète de combien nous sommes, de combien d'empanadas nous allons manger, de savoir si nous mangeons du pain, etc. La chose devient sérieuse ! Pendant ce temps, l'entretien du Concorde est terminé et Gustavo commence à mettre en place le bois pour le feu. Vers midi, une table et une nappe sont dressées au milieu des voitures et la fumée envahit peu à peu l'atelier. Agustin arrive avec la viande : 3 gigantesques morceaux de boeuf et une immense saucisse (le chorizo). Il me dit : "C'est dommage, je n'ai pu obtenir que des petits morceaux chez le boucher. Normalement, on cuit la côte de bœuf entière", m'explique-t-il... Incroyable !
C'est Gustavo qui est à la manœuvre. En Argentine, la cuisson d'un asado, c'est une science sacrée. Quand il estime que le feu est à température, il sale les morceaux de viande et les place délicatement sur la grille. Une odeur, comment dire, extraordinaire, remplace celle du cambouis dans le garage. Les mécanos, qui terminaient de ranger le matériel se rapprochent de la table, en même temps que les 4 d'Ushawa qu'on avait à peine vus jusqu'ici.
Leo fait aussi son apparition. Leo, c'est un ami de Gustavo. Il a entendu qu'un asado se préparait, alors il est venu. D'ailleurs, il a toujours dans sa voiture une sacoche en cuir dans laquelle il y a un immense couteau, une fourchette, un gobelet métallique et une planche en bois pour découper la viande. Il est toujours paré à participer à un asado.
L'ambiance est déjà détendue pendant l'apéro : délicieuses bières régionales, agréable vin de Mendoza et succulentes empanadas argentines. On est déjà bien calés! Quand Gustavo donne le signal, la viande arrive à table. Un silence très court, suivi d'une exclamation d'enthousiasme se fait entendre. La dégustation commence. Un silence plus long emplit le hangar. On sent le moment solennel. Et puis un 'Mmmmmh' collégial et des félicitations donnent le signal que les festivités ont commencé. C'est succulent. C'est délicieux. C'est incroyable. C'est... cela n'a pas de mot pour être décrit. Il faut l'essayer !
Le reste du repas est à l'image de l'accueil des argentins : simple, convivial, bonne humeur, partage... C'est pour ce genre de moment qu'on fait un voyage comme le nôtre. Le genre de moment qui ne s'oublie jamais.
On refait le monde une fois de plus, on sympathise, on rigole, on devient complice... Leo et Gustavo nous invitent pour un autre asado : "Un vrai asado cette fois", dans un refuge de montagnes à proximité de Mendoza. Comment refuser ? Impossible! Il nous a fallu un quart de seconde pour accepter l'invitation.
L'après-midi est consacré à la recherche de gaz pour le motorhome. Agustin nous aide dans nos recherches et nous finissons par trouver un granelero (un petit camion qui livre du LPG dans les habitations) qui accepte de remplir notre citerne. Nous voilà paré pour plusieurs semaines.
Le retour à notre parking de Mendoza se fait dans l'enthousiasme le plus complet. Chacun a envie de partager sa version de ce moment. Un mot revient à chaque fois : incroyable ! Nous sommes maintenant impatients d’être demain pour découvrir le Refugio San Bernardo.
Mais la journée n'est pas finie. La soirée en compagnie des Dodos sera tout aussi chouette : pendant que les enfants partagent un film dans le Concorde, les parents partagent leurs expériences de voyage dans le camping-car.
Quelle journée! On s'endort l'esprit léger de ces rencontres...