Aujourd'hui, c'est le grand jour ! Le jour de la rentrée scolaire pour Manuel, Catalina, Mateo et Santiago ! Hier, lors de la procession, Edna a discuté avec les professeurs et le directeur des écoles de Chochis. Tout est arrangé ! Les enfants suivront un jour de classe avec leurs camarades boliviens.
Nous avons donc préparé la rentrée. On a passé en revue les différentes photos imprimées pour expliquer d'où on vient : la Belgique, la Colombie et le Liechtenstein. Les enfants ont répété quelques mots de vocabulaire espagnol pour expliquer à leur classe la gastronomie, les paysages et la culture de leurs origines. On a aussi préparé leur cartable.
Aujourd'hui donc, c'est le grand jour. On dort juste en face de l'école primaire. La cloche sonne à 7h30 et tous les enfants du village se dirigent vers la cour de l'école. Mateo se dirige vers la classe de 6ème primaire. Manuel et Catalina vers la 2ème primaire.
Pour Santiago, c'est un peu plus loin : l'école secondaire se trouve de l'autre côté du village. Edna l'accompagne jusque-là pour trouver la classe de 2ème secondaire. Sur le chemin de l'école, ils croisent des toucans qui attendent patiemment dans les arbres de Chochis. Un chemin féérique et inhabituel, qui change de la campagne nivelloise où Santiago prend habituellement son bus pour se rendre au Collège.
Dans les écoles de Chochis, comme dans toutes les écoles de Bolivie, l'uniforme est de rigueur ! Polo blanc et pantalon bleu marine. Les enfants ajustent leur garde-robe en fonction du règlement, avec plus au moins de facilité selon les vêtements de voyage que nous transportons.
A l'école primaire, les rangs commencent à se former. Les enfants de chaque classe nous accueillent avec bienveillance, un peu intrigués par ces nouveaux élèves. Dans le rang, les filles forment une file, tandis que les garçons en forment une autre. Il a fallu un peu de temps à Manuel et Catalina pour comprendre le système, inconnu à leur école d'Ittre. La journée commence par le discours du directeur qui rappelle aux élèves regroupés dans la cour les consignes du jour. Un beau moment, où le directeur prend le temps d'expliquer avec sympathie ce qu'il attend de ses élèves aujourd'hui. Une prière oblige également les élèves à baisser les yeux pour remercier le Seigneur. Mateo, Manuel et Catalina s'exécutent, un peu surpris par la démarche.
Ensuite, les élèves regagnent leurs classes, toujours encadrés par leurs nouveaux amis. Pour Manuel et Catalina, ce sont des mathématiques. Pour Mateo, c'est un cours de gym pour commencer la journée. Certains élèves ont oublié leur équipement. La sanction est immédiate : deux jours de renvoi de l'école ! On ne rigole pas avec la discipline, dans la petite école de Chochis.
Santiago est arrivé dans sa classe, un peu gêné que sa maman l'y ait conduit. Il retrouve quelques jeunes qu'il avait déjà rencontré à la procession du 15 août. Mathématique et architecture sont au programme des cours de la matinée. Les professeurs qui se succèdent dans sa classe sont un peu surpris par ce nouvel élève, mais après une petite explication, Santiago suit les cours comme tous les autres élèves.
La journée scolaire est entamée. Edna et Ludovic se retrouvent dans le Concorde. Seuls ! Pour la première fois depuis deux mois, les parents se retrouvent sans enfants. On ne peut pas dire si c'est un soulagement ou une épreuve. On est un peu entre les deux. C'est un tous cas un sentiment étrange, de ne plus être avec les enfants qui ne nous ont jamais quittés depuis notre départ de Belgique.
Quand la cloche de la récréation sonne, Edna ne résiste pas à l'envie d'aller jeter un petit coup d’œil dans la cour, malgré la désapprobation de Ludovic. Soit-disant pour leur apporter la collation qu'elle a oublié de mettre dans le cartable. Quand elle revient, Manuel l'accompagne. Il ne se sent pas bien et explique qu'il y a beaucoup de bruit dans la classe... Il est probablement un peu désorienté par ce nouvel environnement.
A 12h, la journée d'école est terminée. Nous en profitions pour prendre des photos des enfants avec leurs nouveaux amis. Certains écoliers se risquent à passer la tête par la porte du Concorde, avec une envie féroce d'en savoir plus sur cette curieuse 'casa rodante'. Une première visite s'organise. Puis une seconde. Bientôt, tous les élèves de l'école se pressent devant le motorhome. Edna organise une file, tentant de repérer les resquilleurs, qui ont déjà visité mais qui voudraient bien visiter une seconde fois. A l'intérieur, Ludovic fait entrer des groupes de 4, en expliquant la chambre des enfants, la salle de bain, la cuisine, la salle à manger... Les élèves de Chochis sont émerveillés ! Quel bonheur d'entendre leurs impressions faites de 'waaouw!', de 'super', de 'génial'.... et de voir leur regard s'illuminer quand ils montent à bord. Un moment inoubliable.
Les enfants jouent encore avec leurs camarades de classe sur la place devant l'école quand les 'grands' reviennent de l'école secondaire. Santiago en fait partie, entourés par quelques nouveaux amis...
Impossible de décrire le sentiment des '4 d'Ushawa' quand ils sont revenus de l'école. Leur enthousiasme est débordant ! Pendant le repas et une bonne partie de l'après-midi, ils ne cessent d'expliquer ce qu'ils ont vécu : les amitiés qui se sont liées, les anecdotes de la cour de récréation, les différences avec leur école belge, la manière de donner cours, la discipline, les choses qu'ils ont apprises, les infrastructures de l'école...
Quel bonheur de les voir si enthousiastes ! Ils parlent de leurs copains et de leurs copines comme s'ils les avaient toujours connus. Ils parlent de LEUR école, de LEUR classe, de LEURS amis de Chochis. L'expérience va au-delà de nos espérances, en seulement quelques heures.
Mais il est déjà temps pour nous de continuer. C'est à la fois joyeux et tristes que nous quittons Chochis. A jamais, ce village de la chiquitania bolivienne aura une place particulière dans notre cœur. Pour les rencontres que nous y avons faites, pour les amis que nous y avons laissés. C'est un peu la frustration de notre voyage : l'envie de connaître de nouveaux horizons est toujours en balance avec l'envie de mieux approfondir les rencontres que l'on fait au hasard de nos pérégrinations... On se console en se disant que d'autres rencontres suivront, et que nous continuerons à faire vivre ces relations, soit dans notre cœur, soit via WhatsApp...