#07 - L'Ouest du Brésil

Des Chutes d'Iguaçu à la réserve naturelle du Pantanal, en passant par les eaux cristallines de Bonito, nous continuons notre route en remontant l'ouest brésilien.
Du 2 au 12 août 2019
11 jours
1

Pour nous rendre aux chutes d'Iguaçu, nous faisons un petit détour par la 'Estrada da graciosa', la route gracieuse. Une route qui démarre dans la charmante bourgade de Morretes, située dans la région de Curitiba. Avant d'y arriver, un panneau nous indique : "interdit aux véhicules lourds". Un bref arrêt et une petite question au poste de police nous rassure : on passe sans problème !

Le temps n'est pas avec nous. Il pleut assez fort. Pourtant, la Estrada Graciosa se révèle comme une des plus belles routes que nous ayons parcourue. Elle serpente sur 20 kilomètres de montée. La voie est entièrement constituée de jolis petits pavés. Les abords sont soignés. On se croirait dans un parc long de 20 kilomètres. Tout autour, c'est la jungle tropicale. S'il n'y avait le vrombissement du moteur du Concorde, on aurait l'impression d'entendre le cri de Tarzan dans les arbres alentours. Et presque l'envie de le voir se balancer sur une des lianes qui parsème le paysage. La brume et la pluie rajoutent au mystère de cette montagne que nous gravissons.

Pas facile de prendre des photos ici, la pluie et le peu d'arrêts ne nous ont pas aidés. Mais on gardera un beau souvenir de cette Estrada Graciosa.

En route cette fois pour les chutes d'Iguaçu. Deux jours de route nous attendent. La route est longue, mais en excellent état. Le relief est intéressant. Petit à petit, on monte en altitude, jusqu’à atteindre les 1.100 m. A cette altitude, des sapins font leur apparition... un air de ressemblance avec nos ardennes belges...

Nous pensions avoir déjà fait la région agricole du Brésil. On s'était trompé : les gigantesques terres cultivées, on les retrouve partout sur notre route !

Des immenses silos et des cultures à perte de vue... 

Nous sommes aussi surpris par les températures. Un matin, le givre tapisse le lanterneau du Concorde. On ne l'avait pas anticipé, nous n'avons pas mis de chauffage, et on a eu froid cette nuit-là.

Il a fait froid cette nuit ! 

Au bout de la route, nous arrivons aux confins du Brésil, Paraguay et de l'Argentine, dans un lieu nommé "las tres fronteras", les trois frontières... c'est là que se trouvent les fameuses chutes d'Iguaçu...

2

Les Chutes d'Iguazu, c'est probablement le premier nom que nous avons posé sur la liste des endroits incontournables de notre voyage. C'est dire si les attentes sont grandes. Et les probabilités de déception aussi !

Ces chutes d'eau sont mythiques : classées au Patrimoine Mondial de l'Humanité depuis 1939, elles se partagent entre le Brésil (Cataratas de Iguaçu (avec ç)) qui en possède 20%, et l'Argentine (Cataratas d'Iguazu (avec Z)) qui détient les 80% restant. Au total, il y a 270 chutes, réparties sur 3 km.

Nous commençons par les chutes brésiliennes. Nous sommes ici dans le tourisme de masse : l'entrée du parc ressemble à l'entrée de Disneyland, avec des propositions de tours alternatifs en bateau aux pieds des chutes, des tours en hélicoptères au-dessus des chutes, etc.

Tout le monde monte dans des bus qui nous amènent à une quinzaine de kilomètres de là, avec le premier point de vue. De là, une promenade balisée de 1,2 km qui propose plusieurs panoramas sur le côté argentin, avant de finir au pied de la plus connue des chutes : la Garganta del Diablo.

Notre première impression n'est pas très bonne : des touristes se mettent debout sur les barrières pour prendre un selfie, jouent avec les coatis en s'amusant des gens qui se font voler un paquet de biscuits par les animaux qui attaquent en meute. Il y a aussi la file de 20 minutes lorsque l'on veut prendre une photo sur un point de vue... On est dans la grande foule...

Heureusement, cela ne va pas durer. On laisse un peu passer la foule, et la balade devient plus agréable.

Le point d'orgue, c'est l'arrivée au pied des chutes. Des passerelles nous amènent au cœur des chutes brésiliennes. Et c'est vraiment beau. Sentir l'eau et les gouttelettes qui emplissent l'air... c'est une belle sensation par cette chaleur. Le parcours se termine par une remontée dans un ascenseur panoramique.

Après la visite, qui dure un peu plus de deux heures, nous passons la frontière argentine pour la visite du lendemain.

iOverlander, une application de partage de bons filons pour les voyageurs, nous tuyaute un parking de pompe à essence qui a l'air sympa. Nous ne sommes pas les seuls. Un couple de jeunes français, Alexandra et Antoni, sont déjà sur place avec leur chien Marley. Ils voyagent dans un combi Toyota qu'ils ont acheté au Chili. Pas de confort superflu à bord : ni chauffage, ni douche, ni toilettes... juste de quoi dormir et cuisiner. On se rend compte de la chance et du luxe dont nous bénéficions avec le Concorde.

Pendant que l'on sympathise et que la discussion se prolonge agréablement, un troisième motorhome arrive sur le parking. On reconnait l'Iveco 4x4 de Georg et Sabine, le couple d'allemands que nous avions rencontrés au port de Montevideo et avec lesquels nous étions restés en contact pour les tuyauter sur la manière de remplir leur citerne de LPG.

Le Monde est petit. Ou plutôt l'Amérique est petite. Ou plutôt le hasard fait bien les choses... Qu'importe !

Ils nous expliquent le problème qu'ils ont eu pour remplir leur citerne de gaz : le filon qu'on leur a filé a bien fonctionné, si ce n'est que la soupape de leur citerne s'est cassée, dégageant un nuage de gaz dans les rues de Montevideo. Ils ont réussi à colmater, à réparer, mais ce fut une histoire épique...

La soirée se termine autour des histoires de chacun. Mais il est déjà temps de rejoindre nos "maisons" respectives car demain nous visitons les chutes argentines...

3

Du coté argentin, la visite est plus longue. On prévoit d'y passer la journée. Nous nous levons donc tôt pour éviter la foule.

Le petit train qui nous amène à la Garganta del Diablo 

Ici, il y a plusieurs parcours : le parcours inférieur, le parcours supérieur et la Garganta del diablo. Un petit train relie les différents parcours. L'ambiance semble différente par rapport au côté brésilien : un espace est dédié aux produits artisanaux vendus par les indiens guaranis, il y a moins d'effervescence (même s'il y a aussi beaucoup de monde)... En chassant les animaux qui s'approchent un peu trop des touristes, les gardiens du parc veillent à ce qu'ils ne mangent pas de nourriture.Tout le contraire des gardiens brésiliens qui, au mieux, restaient indifférents, au pire, rigolaient avec les touristes...

Quand nous arrivons à la Garganta del Diablo, il y a déjà du monde. Des photographes ont même privatisé une partie du point de vue pour faire des portraits en vente à la sortie. Pour y arriver, une passerelle d'un kilomètre passe au-dessus du Rio Iguazu, qui avance paisiblement. Qui peut imaginer ce qu'il devient un peu plus loin...

C'est l'enfer. Quand on est au bord de la Garganta del Diablo (La Gorge du Diable), on a vraiment l'impression d'être au bord du gouffre qui mène à l'enfer ! Un fleuve immense tombe dans une faille de 82 mètres de profondeur. Si on ose se pencher un peu, on ne voit pas le fond de la chute. Un nuage permanent de gouttelettes remonte du fond pour noyer ceux qui se sont aventurés sur la passerelle. C'est fascinant. Je pense que c'est le seul endroit au monde où l'on peut s'approcher aussi près d'un phénomène naturel de cette ampleur. On se sent tout petit face à la grandeur des éléments. Le moment est incroyable. On essaie de filmer ou de prendre des photos qui reproduiraient cette ampleur. Mais c'est impossible. Aucun objectif n'est assez large pour capter cette sensation.

A cause du vacarme que provoque la chute de l'eau, il faut attendre d'être sorti de cet enfer fascinant pour pouvoir partager ses émotions. Il faudra bien le kilomètre de retour pour s'en remettre. On n'oubliera jamais ce moment !

Nous décidons d’enchaîner avec le passage supérieur, qui parcourt le haut des chutes. La nature est omniprésente. Des passerelles plongent dans la jungle pour ressortir sur un point de vue à chaque fois nouveau. On ne se lasse pas de ces vues, toujours surprenantes...

A midi, nous faisons une pause dans un des rares endroits où l'on peut sortir de la nourriture. Ici, ce sont les humains qui sont en cage, pour éviter d’être attaqués par des singes ou des coatis en quête de collation. Nous trouvons néanmoins un endroit à l'air libre pour manger, hors des cages. Juste à temps car quelques instants après la fin de notre repas, un groupe de coatis a débarqué en agressant des pique-niqueurs.

Les humains en cage,  les animaux en liberté.

Nous passons l'après-midi sur le parcours inférieur. Le plus beau. Les arc-en-ciels provoqués par les chutes et le soleil sont superbes. La végétation et la force de l'eau rajoutent à la magie...

Encore une journée mémorable que nous avons vécue. Les Chutes d'Igazu ne nous ont pas déçues. Elles sont incroyables.

Heureusement que nous avons commencé par le coté brésilien, sinon je pense que nous aurions été déçu, tant le coté argentin est fascinant.

Nous rejoignons le bivouac de la veille, pour partager nos impressions avec nos amis français et allemands qui ont vécu la même visite.

Le lendemain, direction le nord. 800 km pour rejoindre les eaux cristallines de Bonito. Nous ne nous arrêterons finalement pas au barrage d'Itaipu. L'entrée est trop chère pour juste admirer l'édifice depuis l'extérieur. Nous croiserons certainement d'autres barrages sur notre route. Même si, celui-ci est le plus grand du monde, avec 8 km de longueur et la production électrique de 80% de la consommation du Paraguay et 20% du Brésil.

4

Nous devenons des habitués des stations essence, les 'Posto' comme on les appelle au Brésil. Il y a tout ce qu'il faut pour nous lorsqu'on parcourt de longues distances : de l'eau, du diesel, un endroit sécurisé et... du wifi que nous captons tranquillement avec notre antenne.

Le Posto Sabiazinho est probablement la plus grande station que nous ayons rencontrée jusqu'ici, la plus fascinante aussi. Il faut imaginer une immense station service perdue au milieu du Brésil. Quelque part entre Iguazu et Bonito. Autour, des champs cultivés à perte de vue. Aucune habitation, aucune forêt ou aucune montagne pour accrocher le regard.

Il y a aussi un parking immense, rien que pour les camions. Ici, les voitures ne s'arrêtent pas. Une bonne quinzaine de rangées de pompes, réparties en deux secteurs, permettent aux camions de se ravitailler. A gauche, les pompes sont équipées de fosses. Pendant qu'on remplit le réservoir, on inspecte aussi le dessous du camion pour voir s'il n'y a pas de fuites. On fait aussi la vidange d'huile, instantanément. Du côté droit, le service normal d'une pompe à essence au Brésil : un pompiste nous fait le plein, nettoie notre pare-brise et remplit notre réservoir d'eau. Le plus souvent, l'eau est potable. Un distributeur d'eau bouillante fournit aussi aux camionneurs de quoi remplir leur thermos de mate. Mateo, qui prépare chaque matin des gourdes de thé glacé, en profite pour remplir sa bouilloire et y faire infuser quelques sachets de thé...

Lorsque nous arrivons au Posto Sabiazinho, le parking est presque vide. Nous nous garons à proximité de la lumière, et du restaurant ouvert 24h/24. Au fur et à mesure de la nuit, le parking se remplit. Les toilettes et les douches de la station sont prises d'assaut par les camionneurs. Surtout du côté des hommes. Mais des femmes aussi sont présentes sur les routes brésiliennes. Pas pour conduire un camion, mais pour accompagner leur mari camionneur. Parfois, un enfant les accompagne.

Le Posto Sabizinho au petit matin... 

Au petit matin, le parking est désert, tous les camions ont repris la route. La station a retrouvé un certain calme. Nous laissons aussi derrière nous le Posto Sabiazinho. Le plus fascinant des 'Posto' du Brésil. Le plus bruyant aussi. Pendant toute la nuit, le balai des camions ne nous a pas permis de trouver un sommeil réparateur. Question d'habitude sans doute. Mais quelle expérience !

5

Bonito est réputé pour ses rivières et ses eaux cristallines. Lorsque nous arrivons, il fait déjà nuit et nous stationnons devant la réception d'un hôtel. Le lendemain, nous faisons le tour de la ville : notre frigo est vide, notre linge est sale et nous cherchons un camping pour passer quelques jours.

On ravitaille, on trouve une dame qui peut laver notre linge et on choisit le troisième camping visité : le Camping Rio Formoso. Il est fermé en cette saison, mais on l'ouvre rien que pour nous. Le camping a l'avantage d’être en bordure d'une rivière, le Rio Fomoso, dont les eaux claires et les cascades font notre bonheur. Cela fait du bien de se poser. Pour la première fois depuis l'Uruguay, nous nous étalons. Nous sortons tables et chaises. On passe une journée à ne rien faire. Ou presque. Ludovic s'occupe de quelques réparations sur le Concorde. Edna prépare du produit de lessive écologique. Les enfants accrochent les hamacs et profitent du farniente...

On ralentit le rythme...

6

Le Rio Sucuri (qui signifie anaconda) est le troisième cours d'eau avec les eaux les plus cristallines du monde. Enfin, pas tout à fait. Les deux premiers sont situés en Nouvelle-Zélande et en Afrique du Sud, mais ce sont des lacs. On décide donc que c'est la rivière la plus cristalline de la Terre ! C'est le guide du Rio Sucuri qui nous a convaincu.

Et il a raison ! L'eau est limpide. On voit le fond de l'eau qui est magnifique : la végétation, les troncs d'arbres, les rochers... et les poissons : d'énormes poissons, de la même famille que les daurades, y nagent paisiblement. Cela ressemble aux lacs de Plitvice (en Croatie), mais c'est encore plus impressionnant. D'autant plus qu'ici, nous pouvons nager avec les poissons.

Nous voilà donc équipés avec tout l'arsenal pour faire du snorkeling : masque, tuba, combinaison de plongée... on dirait une famille de super héros 'Indestructibles'.

La balade aquatique commence par une remontée du rio Sucuri dans une barque à moteur électrique. Tiago, le guide qui nous accompagne, attire notre attention sur les animaux et les plantes qu'on croise. C'est magnifique d’être seul au milieu de ce lieu. Le soleil rayonne et la température est idéale.

Après une demi-heure de remontée, nous nous mettons dans l'eau en suivant les instructions : ne pas faire de mouvement des pieds, qui risquent d’abîmer ou de remuer le fond. Utiliser uniquement les bras et se laisser porter par le courant.

Le spectacle que nous offre le Rio Sucuri est magnifique, incroyable, spectaculaire... difficile de trouver les mots. La vitesse du courant est parfaite pour se laisser porter. On a plus qu'à se laisser flotter par notre gilet de sauvetage.

On a l'impression d'être dans un aquarium naturel, où les algues, les plantes aquatiques, le fond de l'eau, les poissons, les couleurs et les transparences ont été disposé avec bon gout et parcimonie. Jamais je ne pensais voir un paysage sous-marin aussi beau. La nature est si belle.

Après quelques brassées, les enfants sont dans leur élément. Manuel et Catalina sont loin devant et naviguent seuls. Mateo explore les fonds. Edna est un peu moins à l'aise avec le tuba mais profite du moment. Ludovic ferme la marche et filme sous l'eau. La barque du guide est à nos côtés en cas de problème.

Et Santiago ? Paisiblement, il filme avec sa caméra. C'est alors que l'incroyable se produit. Alors qu'il est occupé à filmer les poissons, il tombe nez à nez avec un anaconda. A un mètre de lui, la bête qui fait plusieurs mètres de long est tapie dans la végétation. Santiago est impressionné. Il sort la tête de l'eau pour prévenir le guide "Aqui hay una anaconda !". Le guide répond : "Waaaaouw, una anaconda !". Ludovic et Edna, qui sont à proximité relèvent la tête, mais ils n'ont pas le temps de voir le serpent qui s'est déjà éloigné calmement.

Le guide est tellement enthousiaste qu'à l'arrivée, il prévient ses collègues de la découverte. Santiago est devenu le héros du jour et tout le monde le félicite. Tiago est étonné par le sang-froid de Santiago qui a réagi avec calme.

Edna est un peu moins enthousiaste par la découverte de son fils. A court de souffle, elle remonte quelques instants dans la barque pour reprendre ses esprits. Manuel, Catalina et Mateo, qui étaient loin devant, sont probablement passés à côté du serpent sans s'en rendre compte.

L'image de l'anaconda prise par Santiago.  Il fait plus de 5 mètres de long... (selon nos estimations pas du tout scientifiques) 

Nous terminons notre descente du Rio Sucuri avec émerveillement. La découverte de Santiago a ajouté une dimension magique à cette expérience déjà exceptionnelle...

Après une heure dans l'eau, nous avons froids et sommes fatigués. Nous profitons du jardin des installations d'accueil pour prendre un thé et une bonne douche chaude. Inutile de vous expliquer ce qui était au cœur de nos conversations. Quel moment exceptionnel !

La soirée sera consacrée au dérushage des images vidéo que nous avons filmées. Santiago a filmé un morceau du serpent. Une image trouble et furtive, mais qui restera gravée dans nos mémoires !

7

De retour du Rio Sucuri, nous passons par Bonito. A la sortie du village, un attroupement attire notre attention : ce ne sont pas des personnes, mais des dizaines de vaches regroupées dans un petit enclos. Juste à côté, un haut mur ne nous laisse pas voir ce qui s'y passe. Mais on sent une effervescence... On fait demi-tour. Edna descend pour se renseigner. C'est un rodéo ! Ou plus précisément la fête du lasso.

Il ne faut pas longtemps pour que tout le monde débarque et aille se positionner en bordure de piste.

Le but de l'épreuve : attraper au lasso une vache, depuis un cheval lancé au galop. Lorsque nous découvrons le spectacle, c'est la catégorie des enfants qui est en piste.

L'exercice est impressionnant. Des enfants, parfois très jeunes, manœuvrent d'une main leur cheval au triple galop, tandis que l'autre main fait tourner un immense lasso autour de leur tête. Quand leur cheval en pleine course est arrivé au niveau de la vache, ils lancent leur lasso qui, la plupart du temps, attrape la tête ou les cornes de l'animal.

Après les garçons, c'est au tour des filles de monter en selle. On est fasciné par le spectacle. Encore une journée extraordinaire.

8

Après deux nuits de repos à Bonito, nous reprenons la route pour aborder le plus beau et le plus grand marais du monde : le Pantanal, un site classé au Patrimoine de l'Humanité. Le Pantanal est beaucoup moins connu que l'Amazonie, mais sa faune et sa flore sont au moins aussi riches. En saison des pluies, les eaux peuvent monter jusqu'à 3 mètres de haut, inondant tout le Pantanal. Mais nous sommes en saison sèche, et seuls 20% du territoire sont recouverts d'eau. La saison idéale pour observer la faune, puisque tous les animaux se regroupent autour des points d'eau. Et contrairement à l'Amazonie, les animaux ont ici peu d'espace pour se cacher. Ils sont donc plus facilement visibles.

 La route qui nous mène dans le parc naturel du Pantanal
La piste de 120 km qui parcourt le sud du Pantanal. 

Deux routes traversent le Parc du Pantanal : la Tranpantaneira, dans le nord, mais qui est trop éloignée de notre parcours. Au sud, l'Estrada Parque permet également de le parcourir.

Les ponts qui enjambent les marais du Pantanal... et les charmants voisins ! 

Notre ami allemand, Georg, nous avait aussi proposé de mettre notre camping-car sur une barge pour remonter le Rio Paraguay pendant deux jours. Mais là aussi nous avons décliné : on n'a pas de 4x4 pour en sortir et cela nous éloigne.

Finalement, nous n'irons pas plus loin que 8 kilomètres sur la Estrada Parque. D'abord, parce que nous apprenons qu'elle est coupée et ne peut être traversée. Ensuite, parce que nous nous arrêtons dans un petit coin de paradis : le Pantanal Jungle Lodge

9

Au kilomètre 8 de la Estrada Parque, après le pont du rio Miranda, un chemin longe la rivière pour aboutir au Pantanal Jungle Lodge. L'endroit est charmant, bâti sur pilotis. Les chambres succèdent aux hamacs avec vues sur le rio Miranda. Au centre, le restaurant avec ses ventilateurs, son billard et son bar. Juste à côté, la petite piscine, elle aussi sur pilotis. L'hôtel est superbe. Chaque jour, des activités sont proposées aux pensionnaires : pêche aux piranhas, balade à cheval, safari en 4x4, exploration en bateau...

Après discussion avec la gérante, on obtient de pouvoir rester sur le parking de l'hôtel. Ludovic négocie l'utilisation de la piscine, qui fait notre bonheur : nous avons roulé dans la chaleur et la poussière toute la journée. La baignade sera réparatrice.

Edna négocie le branchement électrique : cela n'a pas été simple d'obtenir une prise 220v, mais le personnel de l'hôtel se plie en 4 pour nous amener du courant. Cela fait aussi notre bonheur puisqu'on peut dormir avec l'air conditionné. Le sommeil sera réparateur.

Le lendemain, nous nous levons à l'aube, avec le chant des milliers d'oiseaux multicolores pour une exploration en bateau du Rio et de ses affluents. A 7h30, quand nous prenons le départ, l'air est encore frais et on ne suffoque pas encore. Notre guide remonte la rivière (qui ressemble plus à un fleuve) et nous permet d'observer les merveilles de la faune du Pantanal.

Il y a les animaux dont on connait le nom : le vautour, le marabout, l'iguane, la loutre, le martin pêcheur...

Il y a ceux qu'on découvre : le capibara (une sorte de grand cochon d'inde). Il y a aussi ceux qu'on redoute, comme le caïman. Notre guide s'en est approché si près, qu'Edna et Catalina, qui sont à l'avant de la barque, n'ont qu'à tendre le bras pour le caresser. Mais elle font tout le contraire : elle se réfugie de l'autre côté de la barque, presque en fond de cale (s'il y en avait eu une) !

Le spectacle est fascinant. Tout comme ces loutres, qui remontent le courant le long de la berge, tout en nous menaçant de leurs crocs quand elles se sentent dérangées. Mais le maître des lieux, c'est le jaguar ! Malgré toute nos tentatives d'approche, nous ne le trouverons pas. Il reste invisible dans cet immense marais.

A 10h30, le soleil tape déjà fort sur notre petite embarcation. C'est le moment de s'arrêter sur une plage dans un méandre de la rivière. On pique une tête pour se rafraîchir. On suppose que le guide sait ce qu'il fait et on en profite. A quelques centaines de mètres de là, on trouve quand même des caïmans et des piranhas.

Après la baignade, nous mettons le cap sur le lodge, à pleine vitesse. Tout le monde à bord est silencieux. Seul le bruit du moteur se fait entendre. On a tous en tête les images fantastiques de ce qu'on vient de vivre...

Pendant le reste de la journée, nous profitons du lodge et de ses infrastructures. Un bonheur sous des températures de plus de 35°c.

10

Corumba est un des plus grands ports fluviaux du Brésil. Il marque la frontière avec la Bolivie, sur l'immense rivière Paraguay (qui rejoint le fleuve Amazone). Nous profitons de la pause de midi pour pique-niquer sur le bord du fleuve, dans le vieux port.

Ce sont nos derniers instants au Brésil. Et dire qu'on a failli ne pas venir dans cet immense pays ! La première version de notre itinéraire devait nous mener directement au sud de l'Argentine, mais l'hiver austral nous a décidé à parcourir le nord avant de descendre. Ensuite, il y a eu les élections d'un président d’extrême-droite. On s'est posé la question : "Doit-on boycotter un pays d’extrême-droite ?". Mais notre réflexion nous a mené au Brésil, sachant qu'un boycott ne sert pas à grand-chose, et que ce n'est pas parce qu'un président est extrême, que les gens qui y vivent ne méritent pas une rencontre. Rien de tel pour se faire une opinion.

Sur la route qui mène  à la Bolivie, les premiers incendies que nous rencontrons.  Il y en aura malheureusement beaucoup d'autres ...

Et on ne regrette pas ! Ce pays est fantastique ! Très moderne, très propre aussi. Mieux organisé que ce qu'on avait imaginé ! La réputation des plages brésiliennes n'est pas surfaite (celle des maillots de bain des brésiliennes non plus, d'ailleurs, mais çà, c'est un autre débat !). La faune et la flore qu'on y rencontre est unique. Nos yeux ont vu la nature sauvage comme jamais.

On reviendra peut-être un jour au Brésil. Mais il est temps pour nous de passer la frontière bolivienne. Comme à chaque frontière, il y a une certaine appréhension. Particulièrement celle-ci. Nous entrons dans un des pays les plus pauvres d’Amérique...