L'Ilha do Mel (L'île du Miel) est paradisiaque. Il n'y a pas d'autre mot pour qualifier cette île qui a tout pour plaire : plages de sable blanc, cocotiers, jungle, grottes mystérieuses, forteresse... on se croit plongé dans un film de pirates !
Nous sommes partis assez tôt (enfin, selon nos horaires... il était quand même déjà 9h !) pour profiter de l'Ilha do Mel. Un petit bateau nous prend en charge à Pontal do Sul pour assurer la demi-heure de navigation qui doit nous amener à Brasilia, un des deux villages de l'île. A bord, il y a : nous, un soldat, un jeune couple accompagné de ce qu'on imagine être la belle-mère qui chaperonne... Pas grand-monde donc. La journée s'annonce superbe, avec un soleil qui a déjà bien réchauffé l'atmosphère.
Une fois arrivés sur place, tout le monde se disperse et nous nous retrouvons seul sur la plage, à la recherche de ce qui pourrait nous servir de petit déjeuner. Dans la précipitation du départ et l'horaire matinal, nous n'avons pas eu le temps de prendre notre petit déjeuner. Notre choix est simple : le premier qui sert à manger, on s'assied et on mange. On se retrouve donc dans une petite paillote à commander des "Pasteis" de fromage, de poissons et de scampis. Le pasteis est impressionnant : un immense chausson frit remplit notre assiette. Mais le contenu sera moins impressionnant : beaucoup d'air et une maigre garniture un peu sèche. Rien d'exceptionnel donc. Il est 10h, mais à défaut d'autre boisson, on déjeune avec une bouteille de coca cola...
L'Iha do Mel a la forme d'un "8", avec en son centre, une bande de sable qui relie les deux parties de l'ile. Deux villages peuplent l'île : Brasilia (au centre du 8) et Encatandas (à l'extrémité du 8). Quand on regarde la carte de l’île, on dirait une véritable carte aux trésors avec, d'un côté, une forteresse portugaise et, de l'autre côté, une grotte enchantée.
Nous sommes pratiquement seuls sur l'île.
Nous commençons notre exploration de l'île par la forteresse. Une balade de 4 km sur la plage de sable fin nous y emmène. A l'horizon, des petits îlots surmontés de palmiers. Au bout de la plage, un phare qui surplombe l'île. A l'autre bout de la plage, une forteresse, qui protégeait la route vers le port de Paranagua. Mais elle est bien cachée et ne se laisse pas encore apercevoir. Nous la découvrons au fur et à mesure de notre avancement.
L'endroit est idyllique et la plage est tellement vaste à marée basse que chacun chemine selon son humeur : certains les pieds dans l'eau, d'autres les doigts de pieds dans le sable... Mateo trouve un bâton pour porter ses chaussures. Catalina se mouille jusqu'au genou dans les vagues. Manuel et Santiago s'inventent des jeux en cours de route. Edna ouvre le cortège en fixant l'horizon. Ludovic ferme la marche et en profite pour prendre des photos.
Au bout de 4 kilomètres, nous sommes aux pieds de la muraille. La forteresse est là, devant nous. Après une petite pause, nous escaladons les quelques rochers pour rentrer dans le fortin. Un premier niveau nous amène au-dessus de la muraille, avec les canons qui scrutent l'horizon en attente d'un ennemi anglais, espagnol ou d'un bateau pirate en quête de trésor !
Derrière les grands murs qui bordent l'océan, un havre de verdure nous accueille : l'ancienne caserne est envahie par une végétation luxuriante. Nous nous arrêtons quelques instants sur les bancs à l'ombre des cocotiers pour discuter avec le guide du musée qui nous donne quelques explications historiques intéressantes.
Enfin, nous retournons sur la plage en passant par le portail principal de la forteresse : la mer, la plage et la forteresse. Nous sommes toujours seuls sur l’île. L'endroit est envoûtant, on imagine un bateau pirate qui arrive à l'horizon, et les soldats portugais préparer leurs canons pour défendre leur route commerciale...
Le retour vers Brasilia se fait par le sentier intérieur de l'île : la vue est plus limitée, mais il est déjà midi et nous bénéficions de l'ombre de la jungle qui nous entoure. De plus, la marée montante nous fait craindre une progression difficile sur la plage.
Etant donné la marée haute, nous ne pouvons rallier Encantandas par la terre. Nous décidons de louer les services d'un bateau taxi qui, en quelques minutes, contourne une partie de l'île pour nous déposer à Encantandas.
Les 8 kilomètres de promenade de ce matin ont épuisé notre réserve d"eau. Nous faisons un court arrêt au petit supermarché pour acheter de l'eau et remplir nos gourdes.
Nous avons faim. Notre recherche d'une table nous amène, sans le vouloir, à la Gruta encantada (la grotte enchantée). Une grotte immergée à marée haute qui donne directement sur la plage. Le spectacle est grandiose. La marée a déjà envahi une bonne partie de la grotte. Les vagues s'entrechoquent et rebondissent sur les rochers avant de s'engouffrer dans la grotte. La force des éléments qui se joue à quelques mètres de nous est impressionnante.
Il est déjà 15h et nous n'avons toujours pas mangé. Nous trouvons porte close dans toutes nos tentatives. Nous nous rabattons finalement sur un salon de thé en bord de mer. Le dîner-goûter sera donc composé de tapioca (des crêpes à la farine de manioc) au dulce de leche ou au jambon-fromage, de brownies au chocolat et d'une délicieuse Pitaya. Une crème glacée d'un fruit inconnu, accompagné de noisettes, amandes, lait en poudre. Délicieux!
En attendant le bateau du retour, les enfants profitent encore de quelques instants sur la plage, alors que le soleil se couche à l'horizon.
La journée a été bien remplie. Physiquement difficile, sous un soleil de plomb. On se dit que nos enfants sont tous-terrains. Malgré la faim, la soif, la chaleur et la fatigue, ils ont continué à profiter de la chance qu'ils ont d'être là, dans cet endroit exceptionnel. Ils semblent avoir apprécié chaque moment qui leur a été offert. C'en est émouvant...
Sur le chemin du retour, on profite des derniers paysages que nous offre le bateau. Les mines sont fatiguées, mais on sait qu'on vient de vivre une journée inoubliable. C'est pour ce genre de moment qu'on fait ce genre de voyage.
C'était notre dernière journée sur les côtes brésiliennes. Demain matin, nous mettons le cap à l'ouest. On s'enfonce de 800 km dans les terres pour rallier les fameuses chutes d'Iguazu...