Aujourd'hui, nous sommes le 9 juillet, jour de fête nationale pour tous les Argentins. Nous avons décidé de nous rendre à la Feria de Mataderos, une foire qui se veut être une vitrine pour toutes les régions d'Argentine : culture, gastronomie, mode de vie... On aurait voulu en parler, dire toutes les richesses qu'on y a découverte. On aurait aussi voulu parler de la "Fiesta de la empanada", expliquer les variétés et les saveurs qu'on rencontre dans ce petit chausson délicieux.
On aurait voulu dire tout cela, mais il y avait tellement de monde et de files immenses pour pouvoir atteindre ne fut-ce qu'une empanada, qu'on a lâchement abandonné : on a acheté des empanadas colombiennes (toujours les meilleures selon nous, surtout celle de Grapy !), on les a englouties et on est rentré. On a même pas pris le temps d'une petit photo, c'était trop compliqué avec la cohue.
Et puis finalement, on va parler de ce qui nous a le plus occupé pendant cette journée : le bus, plus précisément, le "colectivo 80".
On avait déjà pris le bus, dans le centre-ville. On avait pu constater que la conduite était sportive, les accélérations et décélérations sont rythmées par les portes s'ouvrant et se fermant avant et après l'arrêt du bus. En mouvement donc. Les chauffeurs des TEC wallons ont des leçons de conduite à recevoir pour accélérer la cadence. En même temps, à ce rythme, on se demande comment les chauffeurs argentins n'ont pas perdu de passager.
Mais ici, le "colectivo 80", on en garde un bon souvenir. D'abord, parce que le parcours est assez long : 1h à l'aller, 1h au retour. A l'aller justement, le chauffeur était en forme : d'abord, il a crié sur un passager qui montait par la porte arrière, en le traitant de chien... Le passager a répliqué, en signalant qu'on ne le traitait pas de chien, avant de descendre du bus... la queue entre les jambes.
Quelques kilomètres plus loin, le bus est bondé. Le chauffeur ne s'arrête plus, faute de pouvoir charger des passagers. Cela n'a pas plu à un des passagers qui attendait à l'arrêt : il se met au milieu de la route du bus, les bras en croix ! Coup de frein brusque du chauffeur, grognement dans la foule des passagers, bousculade... ni une ni deux, le chauffeur sort de son bus et traite le piéton de tous les noms... On n'en connaissait que la moitié, mais l'autre moitié ne devait pas être très gentille !
Et ce n'était que le voyage aller !
Au retour, ce sont les passagers qui sont en forme. Il faut savoir qu'à Buenos Aires, c'est comme à Londres : une file d'attente se forme à chaque arrêt de bus, dans l'ordre d'arrivée... une belle discipline ! Le 'colectivo 80' se fait attendre et la file s'allonge. On attend, on discute, on se demande si le bus passera bien, s'il n'a pas changé sa route... Certains abandonnent et on gagne des places dans la file. Enfin le bus arrive ! Avec une certaine discipline, les passagers respectent l'ordre d'arrivée pour monter. Mais tous ne peuvent pas avoir une place. On pousse, on empile, on se serre... mais la porte ne veut pas se fermer. Pas question pour le dernier passager d'abandonner ! Il s'accroche à sa place, même si tout le monde lui dit que ça n'ira pas... Ceux qui ont une place à l'intérieur rigolent et lancent des vannes. La bonne humeur est de rigueur, surtout parmi les chanceux qui, comme nous, ont pu rentrer ! Un peu comme si on était tous sur le même bateau et qu'on avait pu se sauver de la tempête.
Finalement, le dernier passager a gardé sa place et les portes se sont fermées. La bonne humeur est restée dans le bus... une histoire banale de la vie quotidienne à Buenos Aires. Tellement savoureux !